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jeudi 4 décembre 2025

Table Ronde : La plume muselée – La Journée internationale des écrivains en prison à Sceaux


 L'Association Européenne des Étudiants en Droit de Sceaux (ELSA Sceaux) a organisé une table ronde percutante à l'occasion de la Journée internationale des écrivains en prison.

L'événement s'est tenu le mercredi 26 novembre 2025 de 18h à 20h en salle Imbert de la Faculté Jean Monnet à Sceaux (92330).

 Les intervenants

Les échanges ont bénéficié de l'expertise de deux invités, dont les parcours soulignent l'importance de la liberté d'expression :

  • Mme Masoumeh Raouf : Ancienne journaliste et ex-prisonnière politique du régime des mollahs en Iran. Arrêtée en 1981 et condamnée à 20 ans de prison, elle est parvenue à s'échapper après seulement huit mois de détention. Le public a pu découvrir son histoire à travers son ouvrage, « Évasion de la prison d'Iran ».

  • Mr. Walid Bourouis : Journaliste et formateur en Éducation aux Médias et à l'Information (EMI). Diplômé de l'Institut de Presse et des Sciences de l'Information et de l'École Politique de Tunis, il intervient aujourd'hui auprès de publics variés, notamment en milieu scolaire et carcéral.


Les témoignages au cœur des débats

Les interventions et la session de questions-réponses ont été chaleureusement accueillies par les étudiants présents, qui se sont montrés très sensibles aux thèmes abordés.

Masoumeh Raouf a notamment livré un témoignage poignant sur la situation des écrivains incarcérés en Iran. Voici un extrait de son discours :

« Chers étudiants en droit,

Aujourd’hui, je veux attirer votre attention sur une situation très grave. Elle touche non seulement la littérature, mais aussi les bases du droit international des droits de l’homme. En Iran, écrire est devenu un acte dangereux aux yeux de l’État.

D’après un rapport récent sur le début de l’année 2025, la pression juridique et sécuritaire contre les écrivains et les poètes s’est fortement intensifiée. L’Iran est maintenant le deuxième pays au monde qui emprisonne le plus d’auteurs, et le premier pour les femmes écrivaines.

Quelques chiffres : en seulement quatre mois et demi, au début de 2025, au moins 19 écrivains et poètes ont été arrêtés ou convoqués sans raison valable. Et il ne s’agit pas de simples arrestations. Beaucoup subissent la torture, l’isolement prolongé, et parfois même des condamnations à mort.

Il faut aussi comprendre que ces événements ne sont pas nouveaux. Ils s’inscrivent dans des années de répression continue. De nombreux auteurs sont en prison depuis longtemps, simplement pour avoir pensé ou écrit.

Je pense à Golrokh Ebrahimi Iraee. Elle a été condamnée pour un roman sur la lapidation… un roman jamais publié, retrouvé seulement dans ses brouillons. C’est une violation totale de la liberté de conscience.

N’oublions pas non plus Baktash Abtin, poète et membre de l’Association des écrivains iraniens. Il est mort en détention, victime d’une négligence médicale volontaire. Son histoire montre qu’en Iran, une peine de prison peut se transformer en peine de mort.

Aujourd’hui, le cas le plus inquiétant est celui de Peyman Farah-Avar, un poète de Gilan, ma région, de la ville de Rasht. Le 6 avril 2025, il a été condamné à mort pour avoir écrit des poèmes et dénoncé la destruction de l’environnement.

C’est un précédent terrifiant : la liberté d’expression devient un crime passible d’exécution.

D’autres écrivains sont aussi lourdement punis :

  • Sarveh Pourmohammadi, écrivaine kurde, condamnée à 5 ans de prison.

  • Cinq écrivains à Abadan, condamnés ensemble à plus de 10 ans.

  • Faramarz Se-Dehi, membre de l’Association des écrivains, condamné à presque 2 ans pour « propagande » et « insulte au Guide suprême ».

En tant que juristes, vous devez voir les violations graves de la procédure. Je les ai moi-même subies :

  1. Pas d’avocat : beaucoup n’ont pas le droit de choisir leur avocat, ce qui viole les normes internationales.

  2. Accusations vagues : les tribunaux utilisent des termes flous comme « guerre contre Dieu », « propagande contre le régime » ou « insulte aux sacro-saints » pour criminaliser toute critique.

  3. Torture : des poètes comme Mokhtar Alboushokeh et Adnan Abbadi ont été torturés si violemment que leur vie est aujourd’hui menacée, uniquement pour obtenir des aveux.

Pour conclure : ce qui se passe en Iran est une attaque contre la mémoire et la vérité d’un pays. Quand dire la vérité devient un crime puni de mort, le système judiciaire cesse d’être un système de justice : il devient un outil de répression. »

mercredi 3 décembre 2025

Avec Massoumeh RAOUF, femme de courage et de parole, qui a transformé l’horreur en témoignage et en combat.

 par Sonia Bévillard 



👧🏽​ Née en 1961 au nord de l’Iran, Massoumeh grandit dans une famille de classe moyenne où sa mère lui transmet que l’éducation et l’indépendance sont les clés de la liberté. Adolescente, elle s’éveille à la politique et s’oppose au régime autoritaire du Shah. L’année de son bac, elle rejoint les manifestations de la révolution de 1979, pleine d’espoir pour un avenir démocratique.


💔​ Mais l’arrivée au pouvoir de Khomeini brise cet espoir et elle rejoint des mouvements contestataires. En septembre 1981, à seulement 20 ans, elle est arrêtée pour ses convictions. Torturée, emprisonnée sans procès pendant huit mois, elle découvre la brutalité du régime. Son frère connaîtra un destin encore plus tragique : détenu comme prisonnier politique, il sera exécuté en 1988 lors du massacre de milliers d’opposants, une plaie qui ne s’est jamais refermée.


🔓 Massoumeh refuse pourtant de se résigner. En mai 1982, elle organise et réussit une évasion audacieuse, lors de laquelle elle escalade un mur de 4m de hauteur. En 1984, elle parvient à fuir l’Iran et trouve asile en France. Commence alors une nouvelle vie, faite de défis, d’adaptation, mais aussi d’une détermination intacte : continuer à lutter pour la liberté de son pays.


✍🏽​ En France, elle devient écrivaine et conférencière. Elle choisit le français pour témoigner de son histoire et dénoncer les crimes du régime iranien. Elle publie plusieurs ouvrages puissants, dont « Un petit prince au pays des mollahs » en hommage à Ahmad son frère cadet et « Évasion de la prison d’Iran », où elle raconte l’enfer carcéral et la force de la résistance. À travers son blog, ses interventions dans des salons du livre, ses conférences, elle porte haut la voix de celles et ceux qui n’en ont plus.


💪🏽​ Membre du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), parlement en exil, elle soutient le plan pour les libertés et les droits des femmes dans l’Iran de demain.


🙏🏽​ Elle incarne le courage, la résilience et la fidélité à ses idéaux. Elle est la preuve qu’on peut transformer la douleur en énergie de combat, et le silence imposé en une parole libératrice.

💬 Sa citation fétiche : « Femmes, résistance, liberté ! », le slogan du mouvement dont elle fait partie.


🌱 Sa philosophie : Résister aux obstacles, franchir les murs.

❓Pourquoi Massoumeh m’inspire ?
✅ Pour sa force inébranlable face à la violence et à la perte.
✅ Pour son choix de témoigner, encore et toujours, malgré la douleur.
✅ Pour sa foi en l’avenir et en la liberté de son peuple.
💪​Chaque femme qui ose s’affirmer ouvre la voie aux autres.
Ensemble, créons un monde où chacune prend la place qu’elle mérite !
✍️​Prête à écrire votre propre histoire ? 💬 Discutons-en ! www.joyeuxlundi.com
🙋🏻‍♀️Je suis Sonia Bévillard, fondatrice de Joyeux Lundi !
🙋🏻‍♀️ J’accompagne des femmes dans leur développement professionnel