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samedi 18 janvier 2025

Iran : Assassinat de deux juges responsables de massacres devant la Cour suprême à Téhéran

 Par Massoumeh Raouf


Deux juges du régime iranien, Ali Razini et Mohammad Moghisseh, figures emblématiques de la répression judiciaire, ont été assassinés devant la Cour suprême à Téhéran. Cet événement a suscité une vive réaction, en raison de leur implication dans des décennies de répression et de violations flagrantes des droits humains.

Survenu samedi matin, cet assassinat a ravivé le débat sur leur responsabilité dans le massacre de 1988, qui a coûté la vie à plus de 30 000 prisonniers politiques, parmi lesquels mon frère, Ahmad Raouf Basharidouste.


Un acte accueilli par le peuple réprimé

Selon les rapports officiels, un infiltré au sein du système judiciaire aurait abattu les deux juges à l’aide d’une arme à feu avant de se suicider. Ces assassinats ont suscité une satisfaction parmi des milliers de familles des victimes de leurs décisions judiciaires, ainsi que de leurs proches, qui perçoivent cet événement comme une forme de justice pour les atrocités commises.

Ali Razini et Mohammad Moghisseh étaient notoirement connus pour leur implication directe dans les exécutions de masse, la torture et les procès injustes. Leur mort marque la fin de décennies de crimes restés impunis, mais elle souligne également l’absence de justice formelle pour leurs victimes.

 

Ali Razini : l’architecte du massacre de 1988

Ali Razini a occupé plusieurs postes clés dans le système judiciaire iranien, notamment celui de juge au tribunal révolutionnaire de Téhéran en 1980-1981. Il a ensuite dirigé l’organisation judiciaire des forces armées de 1987 à 1993. Pendant cette période, il a ordonné des condamnations à la lapidation et supervisé des tribunaux militaires dans les zones frontalières.

Razini était également membre des tristement célèbres « comités de la mort » qui, en 1988, ont ordonné l’exécution sommaire de milliers de prisonniers politiques, en majorité des membres de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple (OMPI). Dans une interview, il a reconnu avoir supervisé les tribunaux militaires qui jugeaient les prisonniers capturés lors de l’opération Forough Javidan, en les condamnant à mort ou à des peines sévères.

Il se vantait également de ses actions passées, affirmant avoir exécuté des étudiants à Bojnourd pour « briser la dissidence » dans la région. À Téhéran, il a succédé à Assadollah Lajevardi, surnommé le « boucher de la prison d’Evin », et a poursuivi la même politique de répression brutale.



Mohammad Moghisseh : le juge bourreau

Mohammad Moghisseh, connu sous le pseudonyme de « Naserian », était directeur de la prison de Gohardasht lors du massacre de 1988. À ce poste, il a joué un rôle central dans la torture et l’exécution des prisonniers politiques.

En tant que membre des comités de la mort, Moghisseh était responsable de la préparation des dossiers des détenus, sur lesquels se basaient les condamnations à mort. Il supervisait personnellement les pendaisons et, selon des témoins, transportait même des prisonniers paralysés vers l’échafaud.

Avant 1988, Moghisseh avait été procureur adjoint à la prison d’Evin, où il participait activement à la répression des opposants politiques. Après le massacre de 1988, il a continué à sévir en tant que juge, prononçant des peines de mort et des condamnations arbitraires.

En 2019, il a été sanctionné par les États-Unis pour avoir supervisé de nombreux procès inéquitables, notamment ceux basés sur des aveux obtenus sous la torture. Parmi ses victimes figurent des militants politiques, des religieux dissidents et des minorités religieuses.

 

Un bilan lourd et une justice attendue

Ali Razini et Mohammad Moghisseh ont incarné l’appareil répressif de la République islamique depuis sa création en 1979. Leur mort met en lumière l’absence de responsabilité judiciaire pour les crimes commis sous leur autorité.

Nous, les familles des victimes, ainsi que les organisations internationales de défense des droits humains, continuons de réclamer des enquêtes indépendantes et des procès équitables pour tous les responsables des atrocités en Iran. Ces assassinats, bien que spectaculaires, ne remplacent pas la nécessité d’une justice respectant les normes internationales.


jeudi 26 décembre 2024

Iran - New English Edition of The "A Little Prince in the Land of the Mullahs" Released

 Discover the inspiring story of A Little Prince in the Land of the Mullahs, a powerful tale of courage and hope that transcends borders. This beautifully crafted narrative offers profound insights into resilience and humanity in the face of oppression. Now available in English, it’s a must-read for anyone seeking a captivating story that sheds light on a hidden world. Don’t miss this extraordinary book that has touched the hearts of thousands of readers!



The true story of Ahmad Raouf Basharidoust, a teenager who stood up to the mullahs’ regime in Iran

lundi 16 décembre 2024

Massoumeh Raouf : "Le régime iranien ne peut rester impuni"

 par Arthur PUYBERTIER


Ancienne journaliste et ex prisonnière en Iran, Massoumeh Raouf a été “témoin des injustices du régime" et a refusé de se taire, ce qui lui valu "une condamnation à 20 ans de prison". 
Aujourd'hui , elle défend "les droits fondamentaux de mon peuple, malgré l’exécution de mon frère Ahmad". 
Exilée depuis son évasion, Massoumeh Raouf apporte pour MØNEO un témoignage précieux sur une époque pas encore révolue : celle de l'autoritarisme du régime iranien.
À retrouver sur le site de MØNEO !



Pourriez-vous vous présenter ? 

Je suis Massoumeh Raouf, ancienne journaliste et ex-prisonnière politique iranienne. J’ai été témoin des injustices sous le régime des mollahs et j’ai refusé de me taire, ce qui m’a valu une condamnation à 20 ans de prison. J’ai décidé de défendre les droits fondamentaux de mon peuple, malgré l’exécution de mon frère
cadet Ahmad. Je lui rends hommage avec la bande dessinée Un petit prince au pays des mollahs.
Aujourd’hui, je suis exilée. J’ai réussi à m’évader au bout de 8 mois, ce que je relate dans mon ouvrage Évasion de la prison d’Iran paru en 2022.


Qu’est-il arrivé à votre frère, et aux autres victimes du régime iranien ?
Mon frère et moi sommes de la génération de la révolution de 1979, désireuse de mettre fin à la répression et à l’injustice sociale. Après la victoire de la révolution, Khomeini, le Guide suprême, a rapidement révélé un visage réactionnaire et autoritaire en réprimant les voix dissidentes.
Le seul mouvement qui osait contester Khomeini était celui des Moudjahidines du peuple d'Iran (OMPI). Khomeini les a désignés comme « ennemis de Dieu » et plus de 120 000 exécutions ont suivi. Parmi elles, mon frère.


Cette période est-elle reconnue comme un génocide ?
Le rapporteur des Nations unies a déclaré que les « crimes atroces » commis à cette période constituaient des crimes contre l’humanité et un génocide.
Le régime iranien ne peut rester impuni. Mais l’inaction de la communauté internationale a permis la poursuite d’atrocités comme les massacres de manifestants de 2019 et 2022.

 

A-t-il été facile de mettre des mots et des images sur l’histoire de votre frère dans votre BD ?Je n’ai jamais revu mon frère depuis mon arrestation en 1981. J’ai reçu la nouvelle de son exécution après six ans en prison, sans remettre sa dépouille ni informé où il est enterré.Pour rendre hommage à Ahmad et à ces milliers de jeunes qui ont sacrifié leur viepour la liberté, j’ai récolté des témoignages et publié la bande-dessinée Un petit prince au pays des mollahs.Un texte sans images n'aurait pas eu le même impact, surtout pour sensibiliser les jeunes lecteurs à la « page la plus sombre de l’histoire des violations des droits de l'homme en Iran ». Je veux rendre cette histoire engageante et mémorable pour tous.

Vous étiez journaliste sous Khomeini. Comment était la pratique sous son régime ?

J’ai travaillé pour le quotidien Moudjahid. En juin 1981 l’OMPI est devenue illégale et le journal a dû fermer. Par la suite, j'ai été chargée de fournir des rapports, des infos et des photos sur les exécutions du régime des mollahs.
Cette tâche s’est avérée dangereuse : j’ai été arrêtée le 13 septembre 1981 dans la rue. Ils me soupçonnaient d’être sympathisante des Moudjahidines. Ce simple soupçon a suffi : en dix minutes, j’ai été condamnée à 20 ans de prison.

Y a-t-il eu des progrès dans la pratique actuelle ?
Dans les dictatures, il n’y a pas de place pour une presse libre. Les seuls médias sont les outils de propagande du régime dictatorial. Les vrais journalistes risquent leur vie, et beaucoup ont été arrêtés ou sont portés disparus.
Même pour les journalistes des médias officiels, tout rapport ou information qui ne plaît pas au gouvernement ou à Khamenei les conduit à l’arrestation, la prison et la torture.

Vous êtes parvenue à vous échapper de votre cellule et du pays. Comment ?
Il s’agissait d’une prison de haute sécurité à Racht, sous le contrôle des Gardiens de la Révolution. S’évader semble alors n’être qu’un rêve. Une seule chose peut changer cette réalité tenace : la volonté de résister. Nous,
détenues, avons décidé d’envoyer un message en nous évadant.
Honnêtement, je ne pensais pas sortir vivante de cette opération. Mais nous voulions affirmer haut et fort qu’aucun mur, aussi imposant soit-il, ne peut contenir la détermination des Moudjahidines.


Vous a-t-on intercepté, ou sanctionné d’une manière ou d’une autre ?

Le régime s’est vengé sur ma famille et les filles de ma cellule. Elles ont été torturées et transférées dans d’autres prisons, avant d’être exécutées. Ils ont aussi arrêté ma mère qui avait un cancer. Faute de soin, elle est décédéepeu après sa libération. Mon frère avait été arrêté avant ma fuite, puis accusé de complicité dans mon évasion. Il a de nouveau été interrogé, torturé puis exécuté en 1988.


La situation a-t-elle changé aujourd’hui ?
Non. Après la mort de Khomeini en 1989, le régime fasciste religieux a survécu.
Khamenei a continué de diriger le pays en réprimant et en exécutant ses opposants politiques.
Malgré l’arrivée d’un président soi-disant « modéré », la répression continue et s’intensifie. Depuis l'entrée en fonction de Pezashkian fin juin 2024, au moins 300 exécutions ont eu lieu. Mais le peuple iranien continue à se battre... En 2022 le monde entier a admiré les femmes iraniennes qui veulent changer le régime. Elles savent très bien qu’elles n’obtiendront la liberté vestimentaire, l’égalité, et des droits qu’avec la chute de ce régime. Elles ont donc directement scandé « A bas le dictateur » et « A bas Khamenei ». Le désir des Iraniennes est de renverser ce régime misogyne dans sa totalité.

 

La communauté internationale a-t-elle un rôle à jouer ?
Le soulèvement des femmes a fait hésiter les pays occidentaux dans la politique d’apaisement avec l’Iran. Il faut montrer de la fermeté face au terrorisme d’État des mollahs. La communauté internationale doit conditionner ses relations avec l’Iran à l’arrêt immédiat des exécutions et des tortures et à l’inscription des Gardiens de la
Révolution sur la liste des organisations terroristes. Cela protégerait le peuple iranien mais aussi la région tout entière, de l’influence néfaste de ce régime.


Peut-on dire que vous aussi, vous vous battez toujours aujourd’hui ?
Je me bats pour le renversement du régime et un Iran libre et démocratique depuis des années. Je veux que tous les criminels qui ont tué des milliers de jeunes iraniens, dont mon frère, soient jugés et punis. Je suis membre du Conseil National de la Résistance Iranienne, qui rejette toute forme de dictature avec des propositions concrètes pour toutes les questions fondamentales de l’Iran : des élections libres, l’égalité des sexes et des ethnies,
l’abolition de la peine de mort, la séparation de la religion et de l’État, ainsi que la fin du programme nucléaire iranien. Malgré la répression brutale, la volonté des Iraniens reste intacte. Le régime tombera, ce n’est qu’une question de temps.

https://lemediamoneo.wixsite.com/m-neo?fbclid=PAZXh0bgNhZW0CMTEAAaZlGKh0-7Tr2sB8f4XKd44fQ0Z1X6XC1sgvuH37uL802b8YobpTjOaRnoI_aem_Aef2JYGVYgd8ihtNK08LTA


dimanche 8 décembre 2024

Salon du livre à la Mairie du 16e arrondissement de Paris

 Le samedi 30 novembre 2024, la Mairie du XVIe arrondissement de Paris a accueilli avec succès la 34e édition du Salon du Livre, un rendez-vous littéraire incontournable, marqué par des rencontres enrichissantes et une affluence enthousiaste.


Massoumeh Raouf a eu l’occasion de rencontrer Francis Szpiner, Sénateur de Paris. Lors de cet échange chaleureux, M. Szpiner a exprimé son soutien à la lutte du peuple iranien pour la liberté et la justice.



Un grand merci à Bérangère Gree, Isabelle Nizard, Samia Badat-Karam, Marie-Hélène Dorvald, et Astrid Renoult, adjointes au Maire, ainsi qu’à leurs équipes pour leur accueil chaleureux et leur organisation impeccable qui ont contribué au succès de cette journée.

Isabelle Nizard, Adjointe au Maire, a partagé :

"Très heureuse d’avoir croisé Massoumeh Raouf, présente pour son livre Évasion de la prison d’Iran."

jeudi 5 décembre 2024

Salon du livre historique Île-de-France à Beaumont sur Oise

La 4e édition du Salon du Livre Historique Île-de-France, qui s’est déroulée le dimanche 24 novembre à Beaumont-sur-Oise, a été bien plus qu’un simple rassemblement littéraire. Cet événement, réunissant écrivains, historiens et passionnés, a célébré l’écriture comme un pont entre le passé et les luttes contemporaines. Parmi les auteurs présents, Massoumeh Raouf, écrivaine et militante des droits humains en Iran. 

Lors de l’événement, Jean-Michel Aparicio, maire de Beaumont-sur-Oise et membre du Comité des Maires de France pour un Iran démocratique (CMFID) a rencontré Massoumeh Raouf et exprimé son soutien à la cause des droits humains en Iran. Il a mentionné avoir signé une déclaration contre les exécutions en Iran.

En outre, dans un geste symbolique fort , il a annoncé son intention d’installer prochainement une banderole devant la mairie en soutien à la libération des prisonniers politiques, dont Maryam Akbari Monfared, symbole de courage et de résilience face à l'oppression.



vendredi 29 novembre 2024

Barentin. Très beau succès pour le salon du livre

 Dimanche 17 novembre 2024, de 10h à 18h, s’est tenu le 4e Salon du Livre organisé par l'association Cultur'Esne, dans la salle Léo-Lagrange de Barentin. 

Lors de son discours d'ouverture, Christophe Bouillon, maire de Barentin et conseiller départemental du canton, a déclaré :  

« Bravo à Michèle Démares et aux nombreux bénévoles qui l’entourent pour la réussite de ce salon, qui met en lumière des auteurs locaux tout en ayant choisi comme invitée d’honneur Massoumeh Raouf, une militante des libertés en Iran. Menacée dans son pays, elle dénonce à travers ses ouvrages le régime autocratique iranien. »

 

Une journée riche en rencontres et en témoignages de soutien pour Massoumeh Raouf.  




vendredi 22 novembre 2024

L’Iranienne Massoumeh Raouf à Barentin pour évoquer quarante ans de lutte contre les mollahs

Publié sur le site paris-normandie.fr    le 16/11/2024  

L’autrice est invitée au salon du livre pour ses ouvrages racontant ses années de lutte contre le régime des mollahs en Iran. Et l’impact que cela a eu pour elle et pour ses proches.

Et ce n’est pas de nature à rassurer Massoumeh Raouf. La sexagénaire se bat depuis plus de quarante ans contre le régime iranien. Un mandat d’arrêt lui interdit désormais tout retour dans son pays de naissance... 

"la seule chose que le peuple iranien demande, c'est un pays libre souligne Massoumeh Raouf. Pour cela, il faut que tous les pays stoppent toute relation avec l’Iran pour faire tomber le régime ; car aucun argent ne revient au peuple. » 

Elle y croit : le régime du chef suprême finira par etres renversé. 

Massoumeh Raouf est au salon du livre Cultur’Esne de Barentin, dimanche 17 novembre 2024. Renseignements et programme sur curlturesne.fr. 

https://www.paris-normandie.fr/id578634/article/2024-11-16/liranienne-massoumeh-raouf-barentin-pour-evoquer-quarante-ans-de-lutte-contre

 Version papier paris-normandie  le 17/11/2024


mercredi 20 novembre 2024

Salon du livre de Villemoisson-sur-Orge, samedi 16 novembre 2024

La salle polyvalente des Érables, à Villemoisson-sur-Orge (Essonne), a vibré au rythme des mots et des récits en accueillant un salon du livre organisé par l’association Livraddict.

Parmi les écrivains présents, Massoumeh Raouf, écrivaine et militante des droits humains, a marqué les esprits. Présente à ce salon le samedi 16 novembre, elle a reçu un accueil chaleureux de la part des lecteurs venus échanger avec elle.

Lors de cet événement, François Cholley, maire de Villemoisson-sur-Orge, a rencontré Massoumeh Raouf et a exprimé son admiration pour la lutte acharnée des femmes iraniennes en faveur de la liberté et de la justice. Massoumeh Raouf a également souligné leur rôle central dans les mouvements de résistance contre les dictatures.

Le salon du livre de Villemoisson-sur-Orge a été un moment riche en découvertes et en échanges, alliant la passion pour la littérature à une réflexion engagée sur les luttes pour les droits fondamentaux.



mardi 19 novembre 2024

Villemoisson-sur-Orge : Rescapée du régime iranien, Massoumeh Raouf raconte son histoire au Salon du Livre

 par ROBIN LANGE    
Publié sur le site le-republicain.fr    le 15/11/2024  Version papier  le 14/11/2024



Journaliste et condamnée au début des années 80 à 20 ans de prison, Massoumeh Raouf présente deux ouvrages au salon du livre de Villemoisson-sur-Orge, samedi 16 novembre. L’un revient sur son évasion, tandis que l’autre rend hommage à son frère, exécuté avec 30 000 autres prisonniers politiques en 1988.

Il y a quelques jours, les images de Ahou Daryaei, jeune femme iranienne harcelée par les gardiens de la révolution en raison d’un voile mal ajusté, marchant devant l’université islamique Azad de Téhéran en sous-vêtements, avant d’être violemment arrêtée par la police des mœurs, ont rapidement fait le tour du monde. Le dernier exemple en date de la résistance de femmes en Iran face au régime répressif des Mollah. Une résistance particulièrement médiatisée depuis l’apparition du mouvement « Femme, vie, liberté », il y a deux ans, à la suite de la mort de Jina Mahsa Amini, étudiante iranienne décédée dans des circonstances troubles après avoir été arrêtée pour « port de vêtements inappropriés ».

Mais si les réseaux sociaux et la mondialisation ont mis ces actes de protestation en lumières, les Iraniennes n’ont pas attendu les années 2020 pour entamer leur lutte pour des droits plus étendus. Ce qu’illustre parfaitement l’histoire de Massoumeh Raouf, qui relate dans deux ouvrages qu’elle présentera le samedi 16 novembre au salon du livre de Villemoisson-sur-Orge, son histoire personnelle et en creux une histoire de la lutte en Iran.


Emprisonnée à 20 ans

Retour au tout début des années 80. Après avoir passé son baccalauréat, Massoumeh Raouf ambitionne de poursuivre ses études à l’université. Mais le nouveau régime de l’ayatollah Khomeini – qui prend le pouvoir dans le cadre de la révolution iranienne de 1979 – lui en interdit l’accès, comme à beaucoup d’autres femmes. La jeune bachelière rejoint alors les rangs de l’organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran, le groupe d’opposition politique le plus important du pays. Dans sa ville de Racht, au nord de l’Iran, elle travaille alors comme correspondante pour le quotidien « Moudjahid ». Mais rapidement, l’organisation de musulmans progressistes devient illégale et son organe de presse est interdit de parution.

« Malgré les risques, je voulais tout de même continuer le combat, dans un souci de liberté et de justice, se souvient Massoumeh Raouf. Pendant cette période très difficile, je recueillais des témoignages, des informations sur les victimes du régime des mollahs. Je tenais à enregistrer ce que l’on ne pouvait alors même pas imaginer dans le silence assourdissant qui régnait sur le sujet ». Le danger finit toutefois par rattraper la jeune femme. Le 13 septembre 1981, alors qu’elle se rend chez la mère d’un opposant emprisonné pour l’interviewer, elle se retrouve encadrée par des gardiens de la révolution. « Ils m’ont arrêtée mais ne me connaissaient heureusement pas. Je n’avais rien sur moi qui pouvait me relier à l’organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran, à l’exception d’un petit bout de notes de mon carnet, que j’ai avalé. Les membres de l’organisation étaient alors condamnés à mort ». Après un procès de dix minutes, faute de preuves suffisante mais sur la base de « soupçons », Massoumeh Raouf est condamnée à 20 ans de prison. Elle a alors 20 ans.

L’écriture pour témoigner

La jeune femme passera huit mois dans les geôles iraniennes. Evadée dans des circonstances qu’elle racontera bien plus tard en détail dans son ouvrage « Evasion de la prison d’Iran », elle doit alors vivre dans le plus grand secret. Tout en affrontant à distance les terribles conséquences de son évasion sur sa famille, elle doit alors se cacher. D’abord auprès de membres de la résistance en Iran, puis au Kurdistan Iranien, au Kurdistan Irakien et enfin en France, après avoir déposé une demande d’asile auprès de l’ambassade en Irak. Arrivée en 1985 en région parisienne, celle qui ne connaît alors rien de la langue française participe à plusieurs projets de recherche sur les prisons du régime de Khomeini, pendant plusieurs années, notamment en compagnie d’Amnesty International.

C’est finalement en 2018 que Massoumeh Raouf publie son premier livre en français. Une bande dessinée, écrite en hommage à son frère Ahmad, arrêté juste avant son évasion et exécuté en 1988 avec 30 000 autres prisonniers politiques membres des Moudjahidine du peuple d’Iran. « Je n’avais encore jamais osé écrire en français, car ce n’est pas ma langue maternelle, mais quelque chose m’a poussé à le faire : le nouveau silence assourdissant qui enveloppait ce massacre impuni. Plus qu’une bande dessinée, c’est un témoignage historique et un appel à la justice. Car en racontant la vie de mon frère, qui avait 17 ans à l’époque, je raconte l’histoire de 30 000 vies brisées. »

Au salon du livre de Villemoisson-sur-Orge le 16 novembre

Avec ses deux ouvrages, « Un petit prince au pays des mollahs » (2018, aux éditions S-Active) et « Evasion de la prison d’Iran » (2022, aux éditions Balland), Massoumeh Raouf propose donc, à travers son histoire personnelle, une perspective sur l’histoire récente de son pays. « Pour moi, écrire ces livres n’est pas simplement faire une œuvre littéraire. Cela fait aussi partie de ma lutte pour la justice, et pour attirer l’attention du public sur la terrible situation en Iran. »

 

Robin LANGE

Journaliste dans le nord de l'Essonne. Il traite notamment les sujets de Paris-Saclay.

https://www.le-republicain.fr/dans-ma-ville/villemoisson-sur-orge-rescapee-du-regime-iranien-massoumeh-raouf-raconte-son-histoire-au-salon-du-livre?utm_source=dlvr.it&utm_medium=facebook


vendredi 15 novembre 2024

Essonne : ce salon du livre promet un voyage littéraire

 par Actu Essonne Publié le 


Les amateurs de livres sont invités à voyager et à s'évader ce week-end lors du salon du livre organisé à Villemoisson-sur-Orge. 

Romans, bandes dessinées, contes, romans policiers, histoire, poésie, voyages, illustration, il y en aura pour tous les goûts grâce aux soixante autrices et auteurs attendus sur place.

Parmi les exposants, il y aura notamment Massoumeh Raouf, une journaliste iranienne réfugiée en France depuis 1985 qui présentera deux ouvrages.

Le premier, intitulé Évasion de la prison d’Iran, est sorti aux éditions Balland en février 2022, raconte la fuite de l’auteure alors qu’elle purgeait une peine de 20 ans d’emprisonnement prononcée par le régime des mollahs.

Le second est une bande dessinée titrée Un petit prince au pays des mollahs et préfacée par Ingrid Betancourt.

« C’est l’histoire de mon petit frère en Iran, assassiné par le régime des mollahs. Les crimes continuent aujourd’hui », résume Massoumeh Raouf.

https://actu.fr/ile-de-france/villemoisson-sur-orge_91667/essonne-de-nombreux-auteurs-des-ateliers-une-dictee-geante-ce-salon-du-livre-promet-un-voyage-litteraire_61866503.html


jeudi 14 novembre 2024

Jeune journaliste torturée et emprisonnée, Elle s’évade des prisons iraniennes.

 par Céline Beauregard

Elle rejoint l’opposition aux Mollahs en 1981. Sa dangereuse mission? Fournir informations et photographies des exécutions et des victimes du régime en place. 

Arrêtée sans aucune preuve sur elle, elle est pourtant condamnée à 20 ans de prison. En dix minutes de procès. 

Mais Massoumeh Raouf s’échappe de façon spectaculaire, au bout de huit mois. Elle vit deux ans dans la clandestinité. Avant de quitter son pays pour la France. 

Les gardiens de la révolution se vengent alors sur sa famille. Ils arrêtent sa mère, atteinte d’un cancer. Elle en mourra. Ils arrêtent, torturent, puis exécuteront en 1988, son frère cadet, Ahmad. Sa dépouille n’a jamais été retrouvée. 

30 000 autres prisonniers politiques subiront le même sort que lui. 

En France, Massoumeh est devenue écrivaine et conférencière. Elle est très active dans ses combats. Écrit sur son évasion. En hommage aux filles de sa cellule qui l’ont aidée mais qui ont subi torture, voire exécution, en représailles. 

Fait reconnaitre le massacre des 30 000 prisonniers politiques, en crime contre l’humanité. Avec Amnesty International. Récolte des témoignages sur les dernières années de la vie de son frère, pour en faire une BD. 

Attire l'attention du public sur la terrible situation de son pays dans de nombreux ouvrages et conférences.

« Ma vie se résume en trois mots : Femme, Résistance, Liberté. Je suis membre du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI). C’est le seul mouvement en Iran, présidé par une femme et représenté par plus de 50% d’entre elles, qui propose un plan et publie un programme. 

Souvenez-vous de Mahsa Amini, exécutée pour un voile mal porté, en 2022 ? Le soulèvement de notre peuple et le courage extraordinaire des femmes iraniennes a captivé et ému le monde entier. 

Aujourd’hui, elles ne veulent ni religion, ni voile, ni gouvernement obligatoire ! 

Mais cette révolution démocratique ne s’est pas faite du jour au lendemain. Elle représente plus de 45 ans de lutte du CNRI contre l'intégrisme. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population iranienne (dont beaucoup de femmes) est derrière nous et veut voir tomber le régime actuel. 

Nous nous battons, entre autres, pour des élections libres et l'égalité des sexes ».

Massoumeh a sacrifié sa vie pour cet instant historique. Voir la résistance des femmes iraniennes et leur aspiration profonde à la liberté enfin récompensées.

lundi 11 novembre 2024

Salon de l'Autre LIVRE au Palais de la Femme à Paris

Du vendredi 8 au dimanche 10 novembre, l'association  L'Autre LIVRE a rassemblé des auteurs, écrivains et professionnels de l'édition indépendante venus de France, Belgique, Suisse et bien d'autres pays pour célébrer la littérature indépendante.

 Invitée par les  Éditions S-Active  et sa présidente  Marguerite Soudey,  Massoumeh Raouf  était en séance de dédicaces le dimanche 10 novembre, de 14h à 17h, au stand B3 des Éditions S-Active.

Un grand merci à  Marguerite Soudey  pour son accueil chaleureux et à L'Autre LIVRE  pour cette organisation remarquable. Ce salon a été l'occasion de belles rencontres et d'échanges enrichissants autour des livres et de la liberté d'expression.