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« Les mains liées et les yeux bandés, je suis torturée, fouettée et soumise à un interrogatoire. »
Massoumeh Raouf est iranienne, ancienne journaliste et ex-prisonnière politique du régime des mollahs. En 1988, son frère de 24 ans qui était en prison depuis l’âge de 16 ans, est exécuté lors du massacre des 30.000 prisonniers politiques iraniens. Pour lui rendre hommage, Massoumeh Raouf a écrit en 2018 la bande-dessinée « Un petit prince au pays des mollahs« .
Engagée dans la « Campagne du mouvement pour la justice en faveur des victimes du massacre de 1988 », Massoumeh Raouf se bat aujourd’hui pour faire traduire en justice les auteurs de ce « crime contre l’humanité resté impuni ». Elle vient de publier « Évasion de la prison d’Iran ».
WomenToday
Bonjour Massoumeh Raouf, le 13 septembre 1981 vous êtes arrêtée par les mollahs et emprisonnée à Racht au nord de l’Iran. Comment s’est déroulée votre arrestation, quels en sont les motifs, qui vous a jugé et pour quelle sentence ?
Massoumeh Raouf
Le 13 septembre 1981, je suis en route pour assister à une cérémonie en la mémoire d’une amie très proche qui vient d’être exécutée. Durant le trajet, je suis arrêtée par les « pasdaran » qui sont la gestapo des mollahs. Le soir même, les mains liées et les yeux bandés, je suis torturée, fouettée et soumise à un interrogatoire. Ils me soupçonnent d’être sympathisante des Moudjahidines du peuple d’Iran. A l’époque, ce doute seul suffit pour que l’on soit arrêté, torturé et exécuté.
Je ne pense pas que vous puissiez imaginer à quoi ressemble un tribunal sous le régime des mollahs. Ni avocat, ni juge au vrai sens du terme. Le tout est bouclé par un seul mollah que l’on appelle « juge religieux ». Mon soi-disant « procès » ne dure que 10 minutes. Sans avocat et sans droit à la défense, je suis immédiatement condamnée à 20 ans de prison.