samedi 18 juin 2022

Mon expérience : Massoumeh Raouf raconte son évasion de sa prison appelée Iran

 blastingnews  05-05-2022

Pour tous les êtres aspirant à la liberté et au respect des droits humains fondamentaux, l’Iran des mollahs est une véritable prison.


Nous publions une présentation du livre de Massoumeh Raouf "Évasion de la prison d’Iran", aux éditions Balland. Il raconte comment cette femme s'est évadée de prison pour échapper à une république toujours plus tyrannique. Comment ses proches sont morts en représailles et son combat pour que ceux qui furent assassinés ne soient pas oubliés, mais mis en lumière.

par massoumeh Raouf 

"En décembre 2018 à l’occasion du 30e anniversaire du grand massacre des prisonniers politiques en 1988 en Iran, dont mon frère cadet est une victime, j’ai publié mon première livre en français.

Une livre de bande dessiné, intitulé « un petit prince au pays des mollahs » préfacé par Ingrid Betancourt qui raconte l'histoire de mon frère Ahmad. Il est sorti en français, anglais, allemands, italien, norvégien et persan.

Après publication de mon livre, les amies, que j’ai rencontrées en différentes occasions au salon du livre, m’ont demandé de raconter ma propre histoire et mes souvenirs de prison. Alors durant le premier confinement, je me mis à écrire et à finir ce livre. Franchement j’écris ce livre pour les lecteurs français ou étrangers qui entendent le nom de l'Iran dans l'actualité mais ne savent pas ce qui se passe réellement en Iran.

En fait, j'avais déjà écrit mes souvenirs en persane quand j'ai quitté l'Iran.

ils ont été publiés dans le livre des héros enchaînés. Mais écrire ce livre n'a pas été facile pour moi. Après tout, le français n'est pas ma langue maternelle. Écrire pour un lecteur iranien qui a une culture et une histoire commune est très différent. J'ai dû m'adapter à la culture et au lecteur français. J'ai finalement signé un contrat avec Édition Balland, et le livre est disponible en librairie en France, Belgique et Suisse.

Je considère mon nouveau livre - évasion de la prison d’Iran - comme le deuxième tome de mon livre « un petit prince au pays des mollahs», malgré le fait qu’il ne soit pas un livre de bande dessiné. À travers mon histoire et mon vécu, je veux attirer l’attention sur le crime contre l’humanité en 1988 qui restent impunis et aussi la situation actuelle en Iran.

Ce qui passe là-bas est atroce.

J’ai été arrêtée en septembre 1981 et condamnée à 20 ans de prison en 10 minutes dans un simulacre de procès. Mais au bout de huit mois j’ai réussi à m’échapper. La vengeance du régime a été terrible. L'exécution des filles emprisonnées, de mon codétenu, l'arrestation de ma mère et la torture de mon frère de 16 ans.

Enfin, mon frère a été exécuté en 1988 avec 30 000 autres prisonniers Moudjahidine du peuple d’Iran sur l’ordre et la fatwa de Khomeiny.

En 1991, les agents du renseignement du régime ont apporté quelque vêtement de mon frère et ont dit à mon père qu’ils l’avaient exécuté dans la prison d’Oroumieh, dans le nord-ouest de l’Iran, mais ils n’ont pas dit où il était enterré.

Encore aujourd’hui, après 33 ans, nous – les familles des victimes - ne savons pas où Ahmad et tous les autres ont été enterrés, mais leurs bourreaux sont toujours en place.

De 1996 à 2001, j’ai fait des recherches sur les familles des victimes de ce massacre et sur la situation des prisons en Iran. J’ai ainsi pu participer à la publication de deux ouvrages collectifs : " Massacre des prisonniers politiques" et "Des héros enchaînés" en persan (farsi). Ces années de recherche m’ont permis de rassembler aussi des documents et des renseignements sur le sort de mon frère et cela m'a permis d’écrire son histoire.

Plus qu'une bande dessinée, - Un petit prince au pays des Mollahs - raconte la vie de mon frère qui était un héros de la résistance face aux dictatures religieuses au pouvoir en Iran.

Ce livre est à la fois un hommage à mon frère Ahmad, tué à 24 ans lors du Grand Massacre perpétré en Iran en 1988, un témoignage historique du génocide qui reste impuni et aussi un appel à la justice.

Mon nouveau livre est un témoignage qui honore la mémoire des jeunes révolutionnaires Iraniens. J’appartiens à cette génération de révolutions volées par les mollahs au pouvoir en Iran.

Dans mes Livres, je raconte une petite partie de la souffrance d'un peuple enchaîné qui lutte toujours pour sa liberté. Il y a quelques jours, j’ai reçu un rapport annuel de violation de droit de l’homme en Iran en 2021 plus de 400 pages. 361 exécutions en 2021 et cela est passé sous le silence par le monde entier.

Mais malgré toutes les répressions, la société iranienne se mobilise de plus en plus contre les mollahs au pouvoir et la fin de ce régime approche. Les activité des « unités de résistance » à l'intérieur de l'Iran deviennent de jour en jour plus fortes et plus spectaculaires au niveau national. Ça montre que la peur a changé de camps.

Depuis plus de quatre décennies, l’Iran souffre. La source de ces douleurs est l'intégrisme et la tyrannie religieuse. Le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988 reste l’un des événements les plus choquants dans l’histoire de la république islamique. Cette période noire de l'histoire contemporaine de l’Iran est restée méconnue dans l'opinion publique en Occident en raison de la politique de complaisance menée par les pays occidentaux vis-à-vis du régime des mollahs, et aussi du silence complice de l'ONU.

Au cours de ces trente dernières années, des milliers de pages de documents ont été rassemblés et publiés sur ce crime contre l'humanité. Parmi ces documents, l’enquête d’Amnesty International publiée en 2018, l’enquête de Geoffrey Robertson, un avocat renommé des droits de l’homme et ancien juge des Nations unies, deux livres d’enquête de Tahar Boumedra, ancien chef du Bureau des droits de l’homme de l’ONU en Irak, le livre Crime contre l’humanité publié par l’OMPI en anglais et maintenant en français. Ce livre contient les noms de plus de 5000 moudjahidines du peuple exécutés, des détails sur 35 commissions de la mort ainsi que l’emplacement de fosses communes dans 36 villes.

Ebrahim Raïssi , le nouveau président du régime est un ultra conservateur qu’Amnesty International veut juger pour crime contre l’humanité.

Raïssi était membre de la « commission de la mort » et l'un des principaux auteurs.

Des centaines de signataires, dont des prix Nobel, ont exhorté le jeudi 27 janvier dans une lettre ouverte le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies à lancer une enquête internationale sur le massacre de milliers de prisonniers politiques en Iran en 1988. Vous pouvez les rejoindre.

C’est désormais à l’ONU de jouer son rôle ! Comme le souligne Amnesty International :"L'ONU et la communauté internationale ont gravement manqué à leur devoir envers les familles et les victimes" et [elle] doit mener une enquête indépendante sur ces crimes contre l’humanité".



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