blastingnews 05-05-2022
Pour tous les êtres aspirant à la liberté et au respect des
droits humains fondamentaux, l’Iran des mollahs est une véritable prison.
Nous publions une
présentation du livre de Massoumeh Raouf "Évasion de la prison
d’Iran", aux éditions Balland. Il raconte comment cette femme s'est évadée
de prison pour échapper à une république toujours plus tyrannique. Comment ses
proches sont morts en représailles et son combat pour que ceux qui furent
assassinés ne soient pas oubliés, mais mis en lumière.
par massoumeh Raouf
"En décembre 2018 à l’occasion du 30e
anniversaire du grand massacre des prisonniers politiques en 1988 en Iran, dont
mon frère cadet est une victime, j’ai publié mon première livre en français.
Une livre de bande dessiné, intitulé « un petit prince au pays des mollahs » préfacé par Ingrid Betancourt qui raconte l'histoire de mon frère Ahmad. Il est sorti en français, anglais, allemands, italien, norvégien et persan.
Après publication de mon livre, les amies,
que j’ai rencontrées en différentes occasions au salon du livre, m’ont demandé
de raconter ma propre histoire et mes souvenirs de prison. Alors durant le
premier confinement, je me mis à écrire et à finir ce livre. Franchement
j’écris ce livre pour les lecteurs français ou étrangers qui entendent le nom
de l'Iran dans l'actualité mais ne savent pas ce qui se passe réellement en
Iran.
En fait, j'avais déjà écrit mes souvenirs
en persane quand j'ai quitté l'Iran.
ils ont été publiés dans le livre des héros
enchaînés. Mais écrire ce livre n'a pas été facile pour moi. Après tout, le
français n'est pas ma langue maternelle. Écrire pour un lecteur iranien qui a
une culture et une histoire commune est très différent. J'ai dû m'adapter à la
culture et au lecteur français. J'ai finalement signé un contrat avec Édition
Balland, et le livre est disponible en librairie en France, Belgique et Suisse.
Je considère mon nouveau livre - évasion de
la prison d’Iran - comme le deuxième tome de mon livre « un petit prince au
pays des mollahs», malgré le fait qu’il ne soit pas un livre de bande dessiné.
À travers mon histoire et mon vécu, je veux attirer l’attention sur le crime
contre l’humanité en 1988 qui restent impunis et aussi la situation actuelle en
Iran.
Ce qui passe là-bas est atroce.
J’ai été arrêtée en septembre 1981 et
condamnée à 20 ans de prison en 10 minutes dans un simulacre de procès. Mais au
bout de huit mois j’ai réussi à m’échapper. La vengeance du régime a été
terrible. L'exécution des filles emprisonnées, de mon codétenu, l'arrestation
de ma mère et la torture de mon frère de 16 ans.
Enfin, mon frère a été exécuté en 1988 avec
30 000 autres prisonniers Moudjahidine du peuple d’Iran sur l’ordre et la fatwa
de Khomeiny.
En 1991, les agents du renseignement du
régime ont apporté quelque vêtement de mon frère et ont dit à mon père qu’ils
l’avaient exécuté dans la prison d’Oroumieh, dans le nord-ouest de l’Iran, mais
ils n’ont pas dit où il était enterré.
Encore aujourd’hui, après 33 ans, nous –
les familles des victimes - ne savons pas où Ahmad et tous les autres ont été
enterrés, mais leurs bourreaux sont toujours en place.
De 1996 à 2001, j’ai fait des recherches
sur les familles des victimes de ce massacre et sur la situation des prisons en
Iran. J’ai ainsi pu participer à la publication de deux ouvrages collectifs :
" Massacre des
prisonniers politiques" et "Des héros enchaînés" en persan (farsi).
Ces années de recherche m’ont permis de rassembler aussi des documents et des
renseignements sur le sort de mon frère et cela m'a permis d’écrire son
histoire.
Plus qu'une bande dessinée, - Un petit prince au pays des Mollahs - raconte la vie de mon frère qui était un héros de la
résistance face aux dictatures religieuses au pouvoir en Iran.
Ce livre est à la fois un hommage à mon
frère Ahmad, tué à 24 ans lors du Grand Massacre perpétré en Iran en 1988, un
témoignage historique du génocide qui reste impuni et aussi un appel à la
justice.
Mon nouveau livre est un témoignage qui
honore la mémoire des jeunes révolutionnaires Iraniens. J’appartiens à cette
génération de révolutions volées par les mollahs au pouvoir en Iran.
Dans mes Livres, je raconte
une petite partie de la souffrance d'un peuple enchaîné qui lutte toujours pour
sa liberté. Il y a quelques jours, j’ai reçu un rapport annuel de violation de
droit de l’homme en Iran en 2021 plus de 400 pages. 361 exécutions en 2021 et
cela est passé sous le silence par le monde entier.
Mais malgré toutes les répressions, la
société iranienne se mobilise de plus en plus contre les mollahs au pouvoir et
la fin de ce régime approche. Les activité des « unités de résistance » à
l'intérieur de l'Iran deviennent de jour en jour plus fortes et plus
spectaculaires au niveau national. Ça montre que la peur a changé de camps.
Depuis plus de quatre décennies, l’Iran
souffre. La source de ces douleurs est l'intégrisme et la tyrannie religieuse.
Le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988 reste l’un des événements
les plus choquants dans l’histoire de la république islamique. Cette période
noire de l'histoire contemporaine de l’Iran est restée méconnue dans l'opinion
publique en Occident en raison de la politique de complaisance menée par les
pays occidentaux vis-à-vis du régime des mollahs, et aussi du silence complice
de l'ONU.
Au cours de ces trente dernières années, des milliers de pages de documents ont été rassemblés
et publiés sur ce crime contre l'humanité. Parmi ces documents, l’enquête
d’Amnesty International publiée en 2018, l’enquête de Geoffrey Robertson, un
avocat renommé des droits de l’homme et ancien juge des Nations unies, deux
livres d’enquête de Tahar Boumedra, ancien chef du Bureau des droits de l’homme
de l’ONU en Irak, le livre Crime contre l’humanité publié par l’OMPI en anglais
et maintenant en français. Ce livre contient les noms de plus de 5000
moudjahidines du peuple exécutés, des détails sur 35 commissions de la mort
ainsi que l’emplacement de fosses communes dans 36 villes.
Ebrahim Raïssi , le nouveau président du
régime est un ultra conservateur qu’Amnesty International veut juger pour crime
contre l’humanité.
Raïssi était membre de la « commission de
la mort » et l'un des principaux auteurs.
Des centaines de signataires, dont des prix
Nobel, ont exhorté le jeudi 27 janvier dans une lettre ouverte le Conseil des
droits de l'Homme des Nations unies à lancer une enquête internationale sur le
massacre de milliers de prisonniers politiques en Iran en 1988. Vous pouvez les
rejoindre.
C’est désormais à l’ONU de jouer son rôle !
Comme le souligne Amnesty International :"L'ONU
et la communauté internationale ont gravement manqué à leur devoir envers les
familles et les victimes" et [elle] doit mener une enquête indépendante
sur ces crimes contre l’humanité".
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