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mercredi 9 avril 2025

Interview du Amina mage, numéro spécial de mars 2025 avec Massoumeh Raouf

 

Amina mage, numéro spécial de mars 2025




   Massoumeh Raouf

"La jeunesse iranienne, en particulier les femmes, incarne l’espoir et le courage. Elles refusent de se soumettre à un régime qui cherche à contrôler leurs corps, leurs choix et leurs esprits"

 

Massoumeh Raouf est emprisonnée à l’âge de 20 ans pour avoir choisi de défendre les droits fondamentaux de son peuple. Emprisonnée, elle réussit pourtant à s’évader après huit mois d’incarcération. Une expérience douloureuse qu’elle relate dans « Évasion de la prison d’Iran », paru chez Balland en 2022.

Mais ce n’est que le début d’un long cauchemar : toute sa famille sera persécutée et son frère cadet, Ahmad, à qui elle dédie « Un petit prince au pays des mollahs », est executé en 1988.

Dans cet entretien, la membre de la Société des Gens de Lettres (SGDL) et membre du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), qui vit désormais en exil, revient pour nous sur son combat pour la liberté et la justice en Iran. Engagée dans la « Campagne du mouvement pour la justice en faveur des victimes du massacre de 1988 », elle se bat pour faire traduire en justice les auteurs de ce « crime contre l’humanité resté impuni ».

En collaboration avec le CNL et le programme Pass Culture, Massoumeh Raouf intervient régulièrement dans les collèges et lycées pour raconter l’histoire de son frère et mettre en lumière les causes de l’intégrisme religieux.

 

 Vous avez été condamnée à 20 ans de prison par le régime de Khomeini. Pouvez-vous revenir sur votre parcours de journaliste. Qu’est-ce qui vous a poussée à prendre la plume pour dénoncer ce que vivait le peuple iranien ?

Pour répondre à cette question, je dois remonter le temps, à une période marquante de l’histoire contemporaine de l’Iran. Je fais partie de la génération de la révolution de 1979, une révolution qui a renversé la dictature monarchique du Shah avec l’immense espoir d’instaurer la liberté.

Cependant, dès la victoire de la révolution, l’euphorie a laissé place à une terrible désillusion. Khomeini, le fondateur du régime théocratique et Guide suprême, a rapidement révélé son visage autoritaire et réactionnaire écrasant brutalement toutes les voix dissidentes.

À cette époque, je travaillais comme correspondante pour le quotidien « Moudjahid », un journal d’opposition influent. Mon rôle était de relater la vérité sur les injustices subies par le peuple iranien. Le seul mouvement qui osait défier Khomeini ouvertement était celui des Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI). Ce groupe musulman progressiste, enraciné dans l’idéal d’une nation libre et indépendante, avait déjà payé un lourd tribut sous la dictature du Shah, avec des membres exécutés, emprisonnés et torturés. Pour Khomeini, ils étaient « les ennemis de Dieu » d’où la répression sanglante engagée contre eux. Cette répression a entraîné l’exécution de plus de 120 000 prisonniers politiques, dont 30 000 en 1988. Parmi ces victimes se trouvait mon frère, Ahmad Raouf Basharidoust, exécuté pour ses convictions. C’est cette tragédie personnelle, combinée à l’injustice et à la brutalité que j’ai pu constater en tant que militante et journaliste, qui m’a poussée à prendre la plume. Témoigner, écrire et dénoncer ce que vivait le peuple iranien est devenu pour moi une mission. La répression qui frappe les partisans de l’OMPI continue aujourd’hui, et je ressens le devoir de continuer à porter leur voix, pour que leurs sacrifices ne soient pas oubliés.

 

Dans le livre « Évasion de la prison d’Iran », vous racontez votre passage en prison et votre évasion. Que vous reprochait le régime au pouvoir ?

Après juin 1981, lorsque l’organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI) a été déclarée illégale et que leur journal a été interdit, j’ai poursuivi mon engagement en documentant les exécutions et les victimes du régime des mollahs. Je collectais des informations, des témoignages et des photos pour dénoncer ces crimes. C’était une tâche essentielle, mais extrêmement dangereuse dans un contexte où toute opposition était impitoyablement réprimée.

Le 13 septembre 1981, j’ai été arrêtée dans la rue par les forces du régime. Ils me soupçonnaient d’être sympathisante de l’OMPI, et à l’époque, ce simple soupçon suffisait pour être arrêté, torturé, et parfois exécuté sans autre forme de procès. Mon propre « procès » a été une parodie de justice : il n’a duré que dix minutes. Sans preuve ni droit à une défense, j’ai été condamnée à 20 ans de prison. J’avais seulement 20 ans et toute ma vie basculait.

 

Comment avez-vous réussi à vous évader ?

Il est difficile de résumer une telle expérience en quelques mots. J’ai tenté de la raconter en détail dans mon livre Évasion de la prison d’Iran. Cette évasion s’est déroulée dans une prison de haute sécurité à Racht, au nord de l’Iran, sous le contrôle des redoutables Gardiens de la Révolution. Dans un tel lieu, l’idée même de s’évader semble irréalisable, presque un rêve inaccessible. Pourtant, ce qui peut transformer l’impossible en réalité, c’est la volonté inébranlable de ceux qui refusent de se soumettre. Avec cet esprit de résistance collective, nous – les filles des Moudjahidines du peuple d’Iran – avons décidé de tenter l’impossible. Pour nous, cette évasion n’était pas seulement une quête de liberté individuelle, mais un message clair et puissant adressé au régime des mollahs : « Vous ne briserez pas notre résistance. »

Les risques étaient immenses. Nous savions qu’à tout moment, nous pouvions être repérées par les tours de surveillance des pasdarans. Un seul tir de mitrailleuse aurait suffi à nous abattre. Si nous étions capturées, la torture ou l’exécution nous attendaient inévitablement.

Honnêtement, je ne pensais pas sortir vivante de cette opération. Mais pour nous, cette tentative allait bien au-delà de la peur. Elle incarnait notre refus de céder, notre lutte pour la liberté et notre détermination à montrer que, même face à un régime armé et oppressif, aucune prison, aucun mur, ne peut enfermer l’esprit de résistance et la volonté des Moudjahidines du peuple d’Iran.

 

Quelles séquelles la prison a-t-elle laissées en vous ?

La prison laisse des séquelles profondes, à la fois physiques et psychologiques, qui ne disparaissent jamais complètement. Le temps passe, mais les souvenirs douloureux restent gravés, comme des cicatrices invisibles. Je n’ai passé que quelques mois dans les cachots des mollahs, mais cette épreuve a marqué ma vie à jamais. Tout a changé à partir de ce moment. Ce qui me pèse le plus, au-delà de ma propre souffrance, c’est la mémoire des êtres chers que j’ai perdus : mes frères, mes parents, mon mari, et mes amis. Je pense aussi à ces jeunes femmes avec qui je partageais ma cellule, exécutées pour leurs idées et leur courage.

Survivre après une telle histoire crée une responsabilité immense : celle de porter leur voix, de raconter leur histoire pour que leur sacrifice ne soit jamais oublié.

J’ai tenté de mettre des mots sur cette douleur et ces souvenirs dans mon livre Évasion de la prison d’Iran, pour que le monde comprenne les enjeux de cette terrible tyrannie religieuse. Écrire était pour moi une manière de transformer cette souffrance en un message d’espoir et de résistance, destiné aux générations futures.

 

Après votre évasion, le régime iranien a-t-il exercé des représailles sur des membres de votre famille ? Comment cela s’est-il passé ?

Oui, les représailles du régime ont été terribles. Lorsque les pasdarans ont découvert mon évasion, toutes les jeunes femmes de ma cellule –des filles incroyablement courageuses – ont été torturées et transférées dans différentes prisons.

Beaucoup d’entre elles ont été exécutées lors du massacre de 1988. Je leur rends hommage dans mon livre Évasion de la prison d’Iran.

Le régime s’est également vengé sur ma famille. Ma mère, qui souffrait d’un cancer, a été arrêtée. Privée des soins nécessaires, elle est décédée peu après sa libération.

Mon frère cadet, Ahmad, qui n’avait que 17 ans à l’époque, avait été arrêté lors d’un raid des Gardiens de la Révolution à notre domicile, avant même ma fuite. Ce que j’ignorais alors, c’est qu’il était détenu dans la même prison que moi. Après mon évasion, il a été injustement accusé de complicité dans ma fuite. Ahmad a été de nouveau interrogé, torturé, et finalement exécuté en 1988, dans ce même massacre qui a coûté la vie à des milliers de prisonniers politiques.

 

Était-ce pour vous une nécessité de témoigner de la vie de votre frère dans un livre ? Pourquoi sous la forme d’une BD ?

Pour moi, raconter l’histoire de mon frère Ahmad était une nécessité absolue, presque un besoin vital, mais aussi une responsabilité lourde à porter. Je ne voulais pas que son histoire tombe dans l’oubli. Mon frère, Ahmad Raouf Basharidoust, incarne une génération entière, celle de la révolution iranienne, qui a été écrasée par les mollahs.

Cette génération a dit « non » à Khomeiny et à ses bourreaux, malgré des conditions de détention inhumaines. Ils portaient en eux un rêve de liberté et de démocratie pour  l’Iran. Ils représentaient les meilleurs espoirs de la société iranienne. Il est important de rappeler que plus de 120 000 jeunes ont été exécutés par le régime des mollahs, dont 30 000 en seulement quelques mois en 1988. La majorité de ces victimes étaient membres ou sympathisants de l’Organisation des Moudjahidines du peuple iranien (OMPI), le principal mouvement d’opposition démocratique au régime.

Pour mettre en lumière le massacre de 1988, j’ai participé à plusieurs projets de recherche sur les prisons du régime de Khomeiny. Les ouvrages « Massacre des prisonniers politiques » et « Des héros en- chaînés » sont le fruit de cinq années de travail, durant lesquelles j’ai recueilli les témoignages d’anciens compagnons de cellule de mon frère. Grâce à eux, j’ai pu mieux comprendre ses conditions de détention et reconstituer une partie de son histoire. Pendant des années, j’ai cherché la meilleure manière de raconter l’histoire d’Ahmad et des victimes de ce massacre, tout en me demandant comment transmettre leur message aux générations futures, en particulier à ceux qui ont aujourd’hui l’âge qu’avait Ahmad à l’époque.

J’ai choisi la bande dessinée parce qu’un texte seul, sans images, n’aurait pas eu le même impact. À travers ce format, c’est Ahmad lui- même qui raconte son histoire. Cela permet de toucher un public plus large, notamment les jeunes, et de leur faire comprendre l’ampleur du sacrifice de ces milliers de jeunes qui ont donné leur vie pour la liberté en Iran.

 

 Combien de temps vous a-t-il fallu pour réaliser cet ouvrage ?

En 2017, j’ai publié l’histoire de mon frère en persan pour lui rendre hommage. Les retours de mes lecteurs ont été extrêmement émouvants : beaucoup ont été profondément touchés par l’histoire, la personnalité, et la résistance héroïque d’Ahmad.

Suite à cela, une amie proche, Mme Harman, artiste diplômée en Film & Animation, designer, scénariste et dessinatrice, m’a proposé de collaborer pour adapter cette histoire sous forme de bande dessinée. Nous avons travaillé sur ce projet pendant plus d’un an. Ce n’était pas une tâche facile. Créer ce livre a été un travail de longue haleine, presque comme assembler un puzzle. Nous avons rassemblé des témoignages d’anciens compagnons de cellule d’Ahmad et collecté des informations détaillées sur son incarcération. Ces récits ont été essentiels pour donner vie à son histoire et pour reconstituer les différentes facettes de son combat.

Ce projet a également représenté un défi culturel. Lorsque j’écrivais pour un public iranien, je pouvais m’appuyer sur une histoire et une culture commune. Mais en m’adressant à des lecteurs européens, américains ou africains, j’ai dû m’assurer que chaque événement et chaque contexte étaient expliqués clairement, afin qu’ils puissent comprendre pleinement l’ampleur de ce qu’Ahmad et sa génération ont vécu.

 

 Qui était votre frère ? Combien sont-ils à avoir suivi le même sort ?

Mon frère Ahmad était un héros de la résistance face à la barbarie des mollahs. Jeune, intrépide et courageux, il était animé par des idéaux de liberté, de partage et d’égalité.

Jean Ziegler, écrivain, sociologue et homme politique, a écrit à son sujet dans une lettre : « Ahmad est l’honneur de l’humanité. Lui – et les autres 30 000 martyrs de 1988 – ont, par leur sacrifice et leur exemple lumineux de courage et d’amour du peuple, ouvert la voie à un Iran libre, démocratique et heureux. L’horrible crime des mollahs ne restera pas impuni. »

Pour moi, Ahmad représente bien plus qu’un frère. Il incarne une génération entière qui s’est levée contre l’injustice, refusant de céder malgré la répression et les atrocités. « Un petit prince au pays des Mollahs » est un hymne à ce courage, une ode à la résistance face à l’oppression. Ce livre témoigne de la force de ceux qui, portés par des idéaux élevés et des valeurs humaines, parviennent à changer le cours de l’Histoire, même au prix de leur vie.

parler d’Ahmad est à la fois une fierté  et une douleur immense. En tant que sa sœur, il m’est difficile de revenir sur les atrocités qu’il a subies, mais je ne pouvais pas laisser son histoire sombrer dans l’oubli. Pour moi, Ahmad est toujours vivant : il vit en moi, dans mes souvenirs et dans ce livre qui raconte son combat.

Dans sa préface, Ingrid Betancourt écrit à juste titre : « L’histoire d’un petit prince au pays des mollahs nous livre sans aucun maquillage le drame humain de millions d’Iraniens. »

Mon livre de bande dessinée « Un petit prince au pays des Mollahs » est disponible en plusieurs langues : français, anglais,  allemand, italien, norvégien et persan. Il est en vente dans  les librairies sur commande et également en ligne. J’espère que son message touchera les lecteurs à travers le monde et leur permettra de mieux comprendre le combat de ces milliers de jeunes martyrs qui ont sacrifié leur vie pour un Iran libre.

 

Aujourd’hui quel regard portez-vous sur votre pays ?

Aujourd’hui, mon regard sur l’Iran est un mélange de douleur, de fierté et d’un espoir grandissant. La douleur provient de décennies de répression, de massacres et d’injustices qui ont dévasté tant de vies et laissé des cicatrices profondes dans chaque famille iranienne, y compris la mienne.  Mais au-delà de cette douleur, je ressens une immense fierté pour notre lutte inébranlable contre la tyrannie des mollahs. Ce qui se passe aujourd’hui dans les rues d’Iran est la continuité d’une bataille qui dure depuis plus de quarante ans, avec les mêmes idéaux, les mêmes aspirations et les mêmes slogans de liberté.

Nous avançons vers la reconnaissance d’une alternative républicaine et démocratique, qui rejette toute forme de dictature, qu’elle soit celle du Shah ou des mollahs. Cette alternative, c’est le Conseil National de la Résistance iranienne, dirigé par une femme, Mme Maryam Radjavi. Plus de 50 % des membres du CNRI sont  des femmes. Ce mouvement est le seul en Iran qui, dès ses premiers jours, a proposé un plan clair et publié un programme sur toutes les questions fondamentales pour l’avenir du pays. Ce programme, défini en dix points, repose sur des principes essentiels : des élections libres, l’égalité des sexes, l’abolition de la peine de mort, l’égalité des droits pour toutes les ethnies, la séparation de la religion et de l’État, et la fin du programme nucléaire de l’Iran.

Aujourd’hui, je suis convaincue que la chute des mollahs est non seulement possible, mais imminente. Ce régime, qui a semé la terreur pendant des décennies, s’effondre sous le poids de ses propres crimes et de la volonté indomptable du peuple iranien.

Mon regard est celui d’une exilée profondément attachée à son pays, qui voit un Iran libre non plus comme un rêve lointain, mais comme une réalité qui se dessine à l’horizon.

 

Quelle est la situation des femmes et des jeunes en Iran ?

En septembre 2024, une nouvelle loi répressive sur le hijab obligatoire a été adoptée après deux ans de débats. Cette loi impose des sanctions extrêmement sévères : des amendes pouvant atteindre 330 millions de tomans (environ 4 285 dollars), des peines de prison allant jusqu’à 15 ans, et même la peine de mort dans les cas jugés comme relevant de la « corruption sur terre ». Ce texte s’applique même aux filles dès l’âge de 9 ans. Il encourage également les citoyens à dénoncer les femmes qui ne respectent pas ces règles.  Les propriétaires d’entreprises et les chauffeurs de taxi risquent de lourdes amendes s’ils ne forcent pas leurs clientes à se conformer à ces lois. 

Ces mesures visent spécifiquement les femmes qui refusent de porter le hijab, un acte devenu un puissant symbole de résistance depuis la mort tragique de Jina Mahsa Amini. Cette jeune femme kurde de 22 ans a été violemment battue par la « patrouille d’orientation » le 13 septembre 2022, ce qui l’a plongée dans le coma. Sa mort, trois jours plus tard, a déclenché un soulèvement massif qui a secoué  l’Iran pendant six mois. Plus de 750 manifestants ont été tués, et 30 000 personnes ont été arrêtées. Depuis, de nombreuses femmes iraniennes défient ouvertement les lois sur le hijab, qualifiant ces règles de « tachées de sang ».

Les membres du parlement des mollahs insistent sur la mise en œuvre de cette loi, affirmant que ne pas le faire serait un signe de faiblesse du régime. Cependant, les dirigeants du gouvernement, craignant que cette loi ne déclenche une résistance publique encore plus grande et une agitation sociale généralisée, hésitent à la promulguer officiellement.

Malgré ces oppressions, la jeunesse iranienne, en particulier les femmes, incarne l’espoir et le courage. Elles refusent de se soumettre à un régime qui cherche à contrôler leurs  corps, leurs choix et leurs esprits. Ces jeunes générations, qui rejettent massivement la théocratie, montrent que la soif de liberté est plus forte que jamais en Iran.

 

Les femmes s’insurgent de plus en plus contre ce qu’elles vivent. Existe-t-il des mouvements de résistance féminins sur place ?

La lutte des femmes iraniennes pour la liberté se poursuit avec un courage admirable, malgré une répression brutale et l’intensification des exécutions en 2024. Cette année-là, le nombre d’exécutions a dépassé les 1 000, selon les rapports des Nations Unies et des organisations de défense des droits de l’homme. Parmi ces victimes, au moins 31 étaient des femmes, un chiffre glaçant, représentant le plus grand nombre d’exécutions féminines en Iran depuis plus de 15 ans.

Partout en Iran, la résistance est bien vivante grâce à des mouvements féminins et des unités de résistance qui s’organisent dans l’ombre. Ces unités, composées d’une nouvelle génération de combattants et de combattantes, forment un réseau souterrain très structuré. Ces femmes et ces hommes courageux jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le régime des mollahs. Malgré la censure et la répression, leurs actions, souvent documentées et partagées sur les réseaux sociaux, exposent les crimes du régime et deviennent virales, inspirant le peuple iranien et amplifiant le mécontentement populaire.

 Les prisons, quant à elles, sont  devenues le cœur battant de cette révolte. Les prisonniers politiques, hommes et femmes, continuent de résister, même  derrière les barreaux. Chaque semaine, dans le cadre de la campagne « Mardis sans exécution », des prisonniers politiques dans plus de 30 prisons iraniennes participent à une grève de la faim collective pour dénoncer les exécutions massives. Ces prisonniers restent en contact avec leurs  compatriotes à l’extérieur, transmettant des messages d’espoir et de détermination.

En dehors des prisons, les femmes courageuses d’Iran poursuivent la lutte à travers des actions audacieuses. Elles distribuent des photos de prisonniers politiques et de condamnés à mort, protestant ainsi contre la peine de mort et la répression. Ces actes de bravoure, souvent réalisés au péril de leur vie, incarnent la volonté inébranlable de défendre la justice et la liberté.


 
Mais les femmes iraniennes ne se battent pas pour  des concessions mineures ou des réformes superficielles. Leur objectif est clair : elles veulent renverser ce régime misogyne dans son intégralité. Elles savent que la liberté vestimentaire, l’égalité des droits, et la justice sociale, économique et politique ne seront possibles qu’avec la chute des mollahs.

Les femmes iraniennes refusent toute forme d’imposition, qu’elle soit  religieuse, vestimentaire ou politique. Leur message est sans équivoque : « Ni religion obligatoire, ni voile obligatoire, ni gouvernement obligatoire ! » Ce cri de ralliement résonne comme un appel à la liberté, non seulement pour elles, mais pour toute la société iranienne.

 

En exil désormais, quel est votre quotidien ?

 Mon  quotidien en  exil est  un  mélange constant d’espoir et d’attente. Chaque jour est une nouvelle étape dans  ma lutte pour un rêve qui me tient profondément à cœur : la liberté pour l’Iran. J’occupe mes journées en lisant, en écrivant et en m’engageant dans diverses activités, comme des conférences ou des salons du livre, pour partager mon message et sensibiliser davantage de personnes à la cause  iranienne. Chaque effort, chaque action, chaque  mouvement que je fais est un pas de plus vers la réalisation de cet objectif essentiel. La liberté  de mon pays est la force qui me motive et me guide dans mon combat quotidien.

 

Comment voyez-vous l’avenir ? Vous imaginez-vous retourner en Iran un jour ?

Je suis une personne optimiste, car être résistante signifie croire en l’espoir du changement. Nous sommes aujourd’hui plus proches que jamais de notre objectif : renverser les tyrans qui oppriment notre pays et les reléguer aux poubelles de l’histoire. Le peuple  iranien est déterminé, et chaque jour qui passe renforce cette conviction. Je garde l’espoir qu’un jour je pourrai retourner en Iran, dans un pays libre et démocratique. La lutte  continue et la victoire, bien que difficile, est inévitable.

 

Vos ambitions pour l’Iran en 2025 ?


Mes ambitions pour l’Iran en 2025 sont claires : libérer l’Iran du joug de la dictature misogyne des mollahs et instaurer un pays libre et démocratique, fondé sur l’égalité entre les femmes et les hommes, particulièrement dans les domaines politiques et de leadership. L’égalité doit être au cœur de toutes les sphères de la société, et c’est un combat que nous menons pour un avenir meilleur.

 

Où peut-on vous retrouver cette année ?

Je serai présente dans divers salons du livre et conférences auxquels je suis invitée.  Par exemple, en mars, je participerai à cinq salons du livre, dont celui des 22 et 23 mars au Palais de la Femme, dans  le 11e arrondissement de Paris.  


 





 



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