par Massoumeh Raouf
Le 6 août 1984 (15 Mordad 1363), ma très chère maman nous a quittés pour rejoindre l’éternité. Je n'ai jamais eu la chance d'aller sur sa tombe, de déposer des fleurs et de lui parler. Mais elle est toujours vivante en moi.
Après
mon évasion, le régime des mollahs a arrêté, emprisonné et jugé ma mère qui
était malade d’un cancer. Elle est morte quelques mois après sa remise en
liberté à l’âge de 43 ans le 6 aout 1984.
Ma
mère s’appelait Fatimeh Seighali. Au début des manifestations populaires contre
le régime du Chah à Racht, ma mère a participé à nos côtés aux mouvements
protestataires. Après la révolution, avec mon activité politique, elle a
également fait la connaissance de l’OMPI et selon elle, a donné son cœur à
Massoud Radjavi. Petit à petit, elle est devenue l’une des figures familières
des mères sympathisantes de l’OMPI à Racht. Maman, que mes camarades appelaient
« mère
Raouf »,
participait à toutes les activités militantes. De la collecte d’aide financière
à la distribution de publications dans les villages environnants, de la visite
aux familles des prisonniers politiques à la tenue de rassemblements de
protestation devant les prisons, de la divulgation des méfaits du régime au
soutien des Moudjahidines, face aux attaques brutales des hommes armés et des
fous des mollahs. Elle a mis sa vie, sa maison et tous ses biens au service des
Moudjahidines.
Pour
nous – mes frères et moi – dès notre enfance, maman a symbolisé l’amour et
l’abnégation, et c’est d’elle que nous avons appris nos premières leçons
d’honnêteté, de loyauté et d’humilité. Après la révolution et pendant la lutte
contre les mollahs au pouvoir, elle est devenue notre camarade d’armes, notre
plus grand réconfort et soutien, en d’autres termes « l’amie
des jours difficiles »....
Le 8
avril 1984, avant de quitter Téhéran pour le Kurdistan, grâce au réseau de
résistance, j’ai appelé ma mère pour lui dire « au
revoir ».
Je ne savais pas que c’était la dernière fois que j’entendrais sa voix. Elle
était très heureuse de cette nouvelle. Je peux encore entendre le murmure et le
son de sa douce et belle voix dans mes oreilles : « Allez,
bonne route. Que Dieu soit avec toi ! »
Le
19 avril 1984, j’ai traversé la frontière irano-irakienne. J’ai gagné d’abord
le Kurdistan iranien avant de rallier le Kurdistan irakien à cheval, grâce à
l’aide des Kurdes iraniens sympathisants de la résistance. Quelques mois plus
tard en Irak, j’ai reçu une lettre de mon frère Mahmoud qui m’écrivait :
« La
grande âme de maman a quitté son petit corps faible et a rejoint l’éternité ».
Que
son âme soit en paix. Sa mémoire sera toujours vivante dans mon cœur. On s’en
souviendra dans l’histoire de l’Iran.
Dans mon livre "Évasion de la prison d'Iran" je rendre hommage à ma mère pages 154-164.