Par la rédaction de courrier-picard.fr
Publié:18 Janvier 2023
Arrêtée par le
régime en 1981, prisonnière politique, Massoumeh Raouf Basharidoust est
parvenue à fuir l’Iran. Depuis, elle témoigne de la situation de son pays, en
proie à un fort mouvement de contestation. Elle
est venue le faire à Clermont.
En compagnie d’Hoda Aouad Sharkey, une auteure libanaise qui raconte son
exil de son pays natal, l’Iranienne Massoumeh Raouf Basharidoust a répondu
à l’invitation de la bibliothèque de Clermont et de
l’association Graines de mots de Chevrières. Face à une cinquantaine
de personnes, elle a évoqué son combat samedi 14 janvier.
Âgée de 61 ans, Massoumeh est une ancienne journaliste. Elle a été arrêtée en septembre 1981 dans la rue, soupçonnée d’être partisane des moudjahidines, opposés au régime des mollahs de la république islamique d’Iran. « Ce simple soupçon suffisait pour que l’on soit arrêté, torturé et exécuté, raconte-t-elle. Sans aucun droit à la défense, j’ai été condamnée à 20 ans de prison. J’avais 20 ans. » L’Iranienne est parvenue à fuir son pays. Pas son frère Ahmad, dont la photo l’accompagne partout où elle intervient.
Il a été exécuté en 1988, comme des milliers d’autres Iraniens. Massoumeh a écrit un livre sur ce massacre des prisonniers politiques, en lien avec Amnesty international. « J’ai participé à la recherche de toutes ces victimes. Il y en a eu plus de 30 000. Je me bats pour que les responsables soient poursuivis », explique Massoumeh Raouf Basharidoust, dont le combat résonne forcément avec l’actualité, quatre mois après le début d’un grand mouvement de contestation, toujours en cours et sévèrement réprimé par le pouvoir.
« Les forces de sécurité du régime tirent sur les
manifestants, y compris sur les enfants, relate-t-elle. Il y a
eu des centaines de morts, des milliers d’arrestations. Le système judiciaire
que j’ai connu est toujours en vigueur. Actuellement, en réponse aux
manifestations, il y a des procès collectifs expéditifs sans le moindre droit à
la défense qui peuvent conduire jusqu’à la sentence de mort. Dix-sept
condamnations ont été prononcées et quatre exécutions ont déjà eu lieu. Les
Iraniens attendent de l’Europe qu’elle coupe les liens avec le régime des
mollahs et qu’elle inscrive les noms des Gardiens de la révolution sur la liste
des entités terroristes. »
« Les
femmes vont renverser ce régime »
Selon Massoumeh Raouf Basharidoust,
malgré la répression qu’il mène face à la mobilisation, « le
régime est entré dans sa phase finale de manière irréversible. Nous avons foi
en la liberté et en l’égalité. La contestation ne s’arrêtera pas ».
Les femmes iraniennes sont à l’avant-garde de celle-ci, enclenchée par la mort
de l’étudiante
Mahsa Amini, trois jours après
avoir été arrêtée par la police des mœurs pour “port de vêtements
inappropriés”. « Les femmes sont la force du changement et vont
renverser ce régime, affirme Massoumeh Raouf Basharidoust. Elles
émerveillent le monde entier et ont atteint les oreilles de tous. »
À commencer par celles des Clermontoises présentes samedi dernier dans
l’assistance : « Je suis très émue quand je vois le courage de
ces deux femmes, réagit l’une d’elles. Ça remet
en perspective notre situation de femme européenne. »
Pour mieux comprendre ces
événements, on peut lire les livres de Massoumeh où elle raconte l’histoire
récente de l’Iran à travers son histoire et son vécu : « Il n’y a
qu’une petite partie de la souffrance de ce peuple enchaîné qui lutte toujours
pour sa liberté. Je n’écris pas pour faire une œuvre littéraire, cela fait
partie de ma lutte pour la justice et pour attirer l’attention du public sur la
terrible situation dans mon pays. »
« Évasion de laprison d’Iran » : essai de Massoumeh Raouf Basharidoust, publié en
2022 par les éditions Balland.
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